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Sainte-Maline se mit à rire bruyamment, ce qui rassura ceux des quarante-cinq qui, à la voix grosse de menaces qu’ils venaient d’entendre, avaient jugé qu’il était prudent de descendre à tout hasard deux marches de l’escalier.

— C’est à vous que je parle, monsieur de Sainte-Maline, m’entendez-vous ? s’écria Ernauton.

— Oui, Monsieur, parfaitement, répondit celui-ci.

— Alors, qu’avez-vous à dire ?

— J’ai à dire, mon cher compagnon, que nous voulions savoir si c’était vous qui habitiez cette hôtellerie des amours.

— Eh bien ! maintenant, Monsieur, que vous avez pu vous assurer que c’était moi, puisque je vous parle et qu’au besoin je pourrais vous toucher, laissez-moi en repos.

— Cap de Diou ! dit Sainte-Maline, vous ne vous êtes pas fait ermite, et vous ne l’habitez pas seul, je suppose ?

— Quant à cela, Monsieur, vous me permettrez de vous laisser dans le doute, en supposant que vous y soyez.

— Ah bah ! continua Sainte-Maline en s’efforçant de pénétrer dans la tourelle, est-ce que vraiment vous seriez seul ? Ah ! vous êtes sans lumière, bravo !

— Allons, Messieurs, dit Ernauton d’un ton hautain, j’admets que vous soyez ivres, et je vous pardonne ; mais il y a un terme même à la patience que l’on doit à des hommes hors de leur bon sens ; les plaisanteries sont épuisées, n’est-ce pas ? faites-moi donc le plaisir de vous retirer.

Malheureusement Sainte-Maline était dans un de ses accès de méchanceté envieuse.

— Oh ! oh ! nous retirer, dit-il, comme vous nous dites cela, monsieur Ernauton !

— Je vous dis cela de façon à ce que vous ne vous trompiez pas à mon désir, monsieur de Sainte-Maline, et, s’il le faut même, je le répète : retirez-vous. Messieurs, je vous en prie.

— Oh ! pas avant que vous ne nous ayez admis à l’hon-