— Mais de la panique éprouvée par M. d’Épernon, de l’arrestation de ces gentilshommes lorrains.
— On a arrêté des gentilshommes lorrains ?
— Une vingtaine, qui se sont trouvés intempestivement sur la route de Vincennes.
— Qui est aussi la route de Soissons, ville où M. de Guise tient garnison, ce me semble. Ah ! au fait, monsieur Ernauton, vous qui êtes de la cour, vous pourriez me dire pourquoi l’on a arrêté ces gentilshommes.
— Moi, de la cour ?
— Sans doute.
— Vous savez cela, Madame ?
— Dame ! pour avoir votre adresse, il m’a bien fallu prendre des renseignements, des informations. Mais finissez vos phrases, pour l’amour de Dieu ! Vous avez une déplorable habitude, celle de croiser la conversation ; et qu’est-il résulté de cette échauffourée ?
— Absolument rien, Madame, que je sache du moins.
— Alors pourquoi avez-vous pensé que je parlerais d’une chose qui n’a pas eu de résultat ?
— J’ai tort cette fois comme les autres, Madame, et j’avoue mon tort.
— Comment, Monsieur ! mais de quel pays êtes-vous ?
— D’Agen.
— Comment, Monsieur, vous êtes Gascon ! car Agen est en Gascogne, je crois ?
— À peu près.
— Vous êtes Gascon, et vous n’êtes pas assez vain pour supposer tout simplement que, vous ayant vu, le jour de l’exécution de Salcède, à la porte Saint-Antoine, je vous ai trouvé de galante tournure ?
Ernauton rougit et se troubla. La dame continua imperturbablement :
— Que je vous ai rencontré dans la rue, et que je vous ai trouvé beau.