Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.


XXVI

LA PORTE S’OUVRE.


Mais en arrivant à la porte de la maison mystérieuse, le pauvre Henri fut repris de son hésitation habituelle.

— Du courage, se dit-il à lui-même, frappons !

Et il fit encore un pas.

Mais, avant de frapper, il regarda encore une fois derrière lui, et vit sur le chemin le reflet brillant des lumières de l’hôtellerie.

— Là-bas, se dit-il, entrent pour l’amour et pour la joie des gens qu’on appelle et qui n’ont pas même désiré ; pourquoi n’ai-je pas le cœur tranquille et le sourire insouciant ? J’entrerais peut-être là-bas aussi, moi, au lieu d’essayer vainement d’entrer ici.

On entendit la cloche de Saint-Germain des Prés qui vibrait mélancoliquement dans les airs.

— Allons, voilà dix heures qui sonnent, murmura Henri.

Il mit le pied sur le seuil de la porte et souleva le heurtoir.

— Vie effroyable ! murmura-t-il, vie de vieillard. Oh ! quel jour pourrai-je donc dire : Belle mort, riante mort, douce tombe, salut !

Il frappa un deuxième coup.

— C’est cela, continua-t-il en écoutant, voilà le bruit de la porte intérieure qui crie, le bruit de l’escalier qui gémit, le bruit du pas qui s’approche : ainsi toujours, toujours la même chose.