Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans l’antichambre que le roi ne recevait plus personne.

Alors Henri s’approcha du duc d’Épernon, et lui frappant sur l’épaule :

— La Valette, lui dit-il, tu feras faire ce soir à tes quarante-cinq une distribution d’argent, et tu leur donneras congé pour toute une nuit et un jour. Je veux qu’ils se réjouissent. Par la messe ! ils m’ont sauvé, les drôles, sauvé comme le cheval blanc de Sylla.

— Sauvé ? dit Catherine avec étonnement.

— Oui, ma mère.

— Sauvé de quoi ?

— Ah ! voilà ! demandez à d’Épernon.

— Je vous le demande à vous, c’est mieux encore, ce me semble ?

— Eh bien ! Madame, notre très-chère cousine, la sœur de votre bon ami M. de Guise… Oh ! ne vous en défendez pas, c’est votre bon ami.

Catherine sourit en femme qui dit :

— Il ne comprendra jamais.

Le roi vit le sourire, serra les lèvres et continua :

— La sœur de votre bon ami de Guise m’a fait tendre hier une embuscade.

— Une embuscade ?

— Oui, Madame ; hier j’ai failli être arrêté, assassiné peut-être…

— Par M. de Guise ? s’écria Catherine.

— Vous n’y croyez pas ?

— Non, je l’avoue, dit Catherine.

— D’Épernon, mon ami, pour l’amour de Dieu, contez l’aventure tout au long à madame la reine mère. Si je parlais moi-même et qu’elle continuât à hausser les épaules comme elle les hausse, je me mettrais en colère, et, ma foi, je n’ai point de santé de reste.

Puis se retournant vers Catherine :

— Adieu, Madame, adieu ; chérissez M. de Guise tant