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que je regarde en vos affaires, sinon pour votre bien et honneur ! Mais votre femme, qu’à mon grand regret je nomme ma sœur, devrait avoir ce souci pour vous en mon lieu et place… ce qu’elle ne fait. »

— Oh ! oh ! dit Chicot continuant ses traductions latines : Quæque omittit facere. C’est dur.

« Je vous engage donc à veiller, mon frère, à ce que les intelligences de Margot avec le vicomte de Turenne, étrangement lié avec nos amis communs, n’apporte honte et dommage à la maison de Bourbon. Faites un bon exemple aussitôt que vous serez sûr du fait, et assurez-vous du fait aussitôt que vous aurez ouï Chicot expliquant ma lettre. »

Statim atque audiveris Chicotum liiteras explicantem. Poursuivons, dit Chicot.

« Il serait fâcheux que le moindre soupçon planât sur la légitimité de votre héritage, mon frère, point précieux auquel Dieu m’interdit de songer ; car, hélas ! moi, je suis condamné d’avance à ne pas revivre dans ma postérité.

« Les deux complices que, comme frère et comme roi, je vous dénonce, s’assemblent la plupart du temps en un petit château qu’on appelle Loignac. Ils choisissent le prétexte d’une chasse ; ce château est en outre un foyer d’intrigues auxquelles les MM. de Guise ne sont point étrangers ; car vous savez, à n’en pas douter, mon cher Henri, de quel étrange amour ma sœur a poursuivi Henri de Guise et mon propre frère, M. d’Anjou, du temps que je portais ce nom moi-même, et qu’il s’appelait, lui, duc d’Alençon. »

Quo et quàm irregulari amore sit prosecuta et Henricum Guisium et germanum meum, etc.

« Je vous embrasse et vous recommande mes avis, tout prêt d’ailleurs à vous aider en tout et pour tout. En attendant, aidez-vous des avis de Chicot, que je vous envoie. »

Age, auctore Chicoto. Bon ! me voilà conseiller du royaume de Navarre.