Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.


XXIV

CE QUI SE PASSAIT AU LOUVRE VERS LE MÊME TEMPS À PEU PRÈS OÙ CHICOT ENTRAIT DANS LA VILLE DE NÉRAC.


La nécessité où nous nous sommes trouvé de suivre notre ami Chicot jusqu’au bout de sa mission, nous a un peu longuement, nous en demandons bien pardon à nos lecteurs, écarté du Louvre.

Il ne serait cependant pas juste d’oublier plus longtemps et le détail des suites de l’entreprise de Vincennes, et celui qui en avait été l’objet.

Le roi, après avoir passé si bravement devant le danger, avait éprouvé cette émotion rétrospective que ressentent parfois les cœurs les plus forts, lorsque le danger est loin ; il était donc rentré au Louvre sans rien dire ; il avait fait ses prières un peu plus longues que d’habitude, et, une fois livré à Dieu, il avait oublié de remercier, tant sa ferveur était grande, les officiers si vigilants et les gardes si dévoués qui l’avaient aidé à sortir du péril.

Puis il se mit au lit, étonnant ses valets de chambre par la rapidité avec laquelle il fit sa toilette ; on eût dit qu’il avait hâte de dormir pour retrouver le lendemain ses idées plus fraîches et plus lucides.

Aussi d’Épernon, qui était resté dans la chambre du roi le dernier de tous, attendant toujours un remerciement, en sortit-il de fort mauvaise humeur, voyant que le remerciement n’était point venu.

Et Loignac, debout près de la portière de velours, voyant