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dans la place, à moitié enveloppé dans ses plis flottants.

— Aie donc peur ! disait-il ; tremble donc, maintenant, poltron !

Les balles sifflaient et s’aplatissaient sur ses armes avec un bruit strident, et trouaient le drapeau avec un bruit mat et sourd.

MM. de Turenne, Mornay et mille autres s’engouffrèrent dans cette porte ouverte, s’élançant à la suite du roi.

Le canon dut se taire à l’extérieur : c’était face à face, c’était corps à corps qu’il fallait désormais lutter.

On entendit, au-dessus du bruit des armes, du fracas des mousquetades, des froissements du fer, M. de Vesin qui criait :

— Barricadez les rues ! faites des fossés ! crénelez les maisons.

— Oh ! dit M. de Turenne qui était assez proche pour l’entendre ; le siège de la ville est fait, mon pauvre Vesin !

Et, en manière d’accompagnement à ces paroles, il lui tira un coup de pistolet qui le blessa au bras.

— Tu te trompes, Turenne, tu te trompes, répondit M. de Vesin, il y a vingt sièges dans Cahors ; donc, s’il y en a un de fait, il en reste encore dix-neuf à faire.

M. de Vesin se défendit cinq jours et cinq nuits, de rue en rue, de maison en maison.

Par bonheur pour la fortune naissante de Henri de Navarre, il avait trop compté sur les murailles et la garnison de Cahors, de sorte qu’il avait négligé de faire prévenir M. de Biron.

Pendant cinq jours et cinq nuits, Henri commanda comme un capitaine et combattit comme un soldat ; pendant cinq jours et cinq nuits, il dormit la tête sur une pierre et s’éveilla la hache au poing.

Chaque jour, on conquérait une rue, une place, un carrefour ; chaque nuit la garnison essayait de reprendre la conquête du jour.