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— Ne perdons pas de temps, Messieurs, la viande refroidirait ; allons en avant, et qui m’aime me suive !

Chicot s’approcha de Mornay, à qui il n’avait pas eu le temps, tout le long de la route, d’adresser une seule parole.

— Dites donc, monsieur le comte, lui glissa-t-il à l’oreille, est-ce que vous avez envie de vous faire écharper tous ?

— Monsieur Chicot, il nous faut cela pour bien nous mettre en train, répliqua tranquillement Mornay.

— Mais vous ferez tuer le roi !

— Bah ! Sa Majesté a une bonne cuirasse.

— D’ailleurs, dit Chicot, il ne sera pas si fou que d’aller aux coups, je présume ?

Mornay haussa les épaules et tourna les talons à Chicot.

— Allons, dit Chicot, je l’aime encore mieux quand il dort que quand il veille, quand il ronfle que quand il parle ; il est plus poli.


XXIII

COMMENT LE ROI HENRI DE NAVARRE SE COMPORTA LA PREMIÈRE FOIS QU’IL VIT LE FEU.


La petite armée s’avança jusqu’à deux portées de canon de la ville ; là on déjeuna.

Le repas pris, il fut accordé deux heures aux officiers et aux soldats pour se reposer.

Il était trois heures de l’après-midi, c’est-à-dire qu’il res-