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cavalerie et de l’artillerie pour chasser le loup, comment avez-vous oublié de prendre l’étendard royal ? L’honneur que vous faites à ces dignes animaux eût été complet.

— On ne l’a pas oublié, Chicot, ventre saint-gris ! on n’aurait eu garde : seulement on le laisse à l’étui de peur de le salir. Mais puisque tu veux un étendard, mon enfant, pour savoir sous quelle bannière tu marches, on va t’en montrer un beau. Tirez l’étendard de son fourreau, commanda le roi, monsieur Chicot désire savoir comment sont faites les armes de Navarre.

— Non, non, c’est inutile, dit Chicot ; plus tard, laissez-le où il est, il est bien.

— D’ailleurs, sois tranquille, dit le roi, tu le verras en temps et lieu.

On passa la seconde nuit à Catus, à peu près de la même façon qu’on avait passé la première ; depuis le moment où Chicot avait donné sa parole d’honneur de ne pas fuir, on ne faisait plus attention à lui.

Il fit un tour par le village et alla jusqu’aux avant-postes. De tous côtés des troupes de cent, cent cinquante, deux cents hommes, venaient se joindre à l’armée. Cette nuit, c’était le rendez-vous des fantassins.

— C’est bien heureux que nous n’allions pas jusqu’à Paris, dit Chicot, nous y arriverions avec cent mille hommes.

Le lendemain, à huit heures du matin, on était en vue de Cahors, avec mille hommes de pied et deux mille chevaux. On trouva la ville en défense ; des éclaireurs avaient alarmé le pays ; M. de Vezin s’était aussitôt précautionné.

— Ah ! ah ! fit le roi, à qui Mornay communiqua cette nouvelle, nous sommes prévenus ; c’est contrariant.

— Il faudra faire le siège en règle, sire, dit Mornay ; nous attendons encore deux mille hommes à peu près, c’est autant qu’il nous faut, pour balancer les chances du moins.

— Assemblons le conseil, dit M. de Turenne, et commençons les tranchées.