Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il se précipita tout éperdu vers elle, et, les bras ouverts :

— Fosseuse, chère Fosseuse ! murmura-t-il en tombant à genoux devant son lit.

Marguerite, sombre et silencieuse, alla coller son front brûlant aux vitres de la fenêtre.

Fosseuse eut la force de soulever ses bras pour les passer au cou de son amant, puis elle attacha ses lèvres sur les siennes, croyant qu’elle allait mourir, et que, dans ce dernier, dans ce suprême baiser, elle jetait à Henri son âme et son adieu.

Puis elle retomba sans connaissance.

Henri, aussi pâle qu’elle, inerte et sans voix comme elle, laissa tomber sa tête sur le drap de son lit d’agonie, qui semblait si près de devenir un linceul.

Marguerite s’approcha de ce groupe, où étaient confondues la douleur physique et la douleur morale.

— Relevez-vous, Monsieur, et laissez-moi accomplir le devoir que vous m’avez imposé, dit-elle avec une énergique majesté.

Et comme Henri semblait inquiet de cette manifestation et se soulevait à demi sur un genou :

— Oh ! ne craignez rien, Monsieur, dit-elle, dès que mon orgueil seul est blessé, je suis forte ; contre mon cœur, je n’eusse point répondu de moi ; mais heureusement mon cœur n’a rien à faire dans tout ceci.

Henri releva la tête.

— Madame ? dit-il.

— N’ajoutez pas un mot, Monsieur, fit Marguerite en étendant la main, ou je croirais que votre indulgence a été un calcul. Nous sommes frère et sœur, nous nous entendrions.

Henri la conduisit jusqu’à Fosseuse, dont il mit la main glacée dans la main fiévreuse de Marguerite.

— Allez, sire, allez, dit la reine, partez pour la chasse. À cette heure, plus vous emmènerez de gens avec vous,