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— Comme vous voyez

— Veuillez me la faire ouvrir, je vous prie.

— Comment donc, monsieur Chicot ! Anthenas, Anthenas ! ouvrez la porte à M. Chicot, vite, vite, vite !

Chicot ouvrit de grands yeux et respira comme un plongeur qui sort de l’eau après cinq minutes d’immersion.

La porte grinça sur ses gonds, porte du paradis pour le pauvre Chicot, qui entrevoyait derrière cette porte toutes les délices de la liberté.

Il salua cordialement l’officier et marcha vers la voûte.

— Adieu, dit-il, merci !

— Adieu, monsieur Chicot, bon voyage !

Et Chicot fit encore un pas vers la porte.

— À propos, étourdi que je suis ! cria l’officier en courant après Chicot et en le retenant par sa manche ; j’oubliais, cher monsieur Chicot, de vous demander votre passe.

— Comment ! ma passe ?

— Certainement ; vous êtes homme de guerre, monsieur Chicot, et vous savez ce que c’est qu’une passe, n’est-ce pas ? On ne sort pas, vous comprenez bien, d’une ville comme Nérac, sans passe du roi, surtout lorsque le roi l’habite.

— Et de qui doit être signée cette passe ?

— Du roi lui-même. Ainsi, puisque c’est le roi qui vous envoie en plaine, il n’aura pas oublié de vous donner une passe.

— Ah ! ah ! doutez-vous donc que ce soit le roi qui m’envoie ? dit Chicot l’œil en feu, car il se voyait sur le point d’échouer, et la colère lui suggérait cette mauvaise pensée de tuer l’officier, le concierge, et de fuir par la porte ouverte, au risque d’être poursuivi dans sa fuite par cent coups d’arquebuse.

— Je ne doute de rien, monsieur Chicot, surtout de ces choses que vous me faites l’honneur de me dire, mais réfléchissez que si le roi vous a donné cette commission…

— En personne, Monsieur, en personne !