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Chicot soupira.

— Et où est l’officier de service ? demanda-t-il.

— Oh ! ne vous dérangez point pour cela.

Le soldat tira une sonnette qui alla réveiller dans son poste l’officier endormi.

— Qu’y a-t-il ? demanda ce dernier en passant la tête par sa lucarne.

— Mon lieutenant, c’est un monsieur qui veut qu’on lui ouvre la porte pour sortir en plaine.

— Ah ! monsieur Chicot, s’écria l’officier, pardon, désolé de vous faire attendre ; excusez-moi, je suis à vous, je descends.

Chicot se rongeait les ongles avec un commencement de rage.

— Mais n’en trouverai-je pas un qui ne me connaisse ! C’est donc une lanterne que ce Nérac, et je suis donc la chandelle, moi !

L’officier parut sur la porte.

— Excusez, monsieur Chicot, dit-il en s’avançant en grande hâte, je dormais.

— Comment donc, Monsieur, fit Chicot ; mais la nuit est faite pour cela ; seriez-vous assez bon pour me faire ouvrir la porte ? Je ne dors pas, moi, malheureusement. Le roi… vous savez sans doute, vous aussi, que le roi me connaît ?

— Je vous ai vu causer aujourd’hui avec Sa Majesté au palais.

— C’est cela, justement, grommela Chicot. Eh bien, soit ! si vous m’avez vu causer avec le roi, vous ne m’avez pas entendu causer, au moins.

— Non, monsieur Chicot, je dis ce qui est.

— Moi aussi ; or, le roi, causant avec moi, m’a commandé d’aller lui faire cette nuit une commission à Agen ; or, cette porte est celle d’Agen, n’est-ce pas ?

— Oui, monsieur Chicot.

— Elle est fermée ?