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— Cela vous étonne ?

— Oui,

— Cela ne devrait pas vous étonner pourtant, puisque vous me connaissez.

— Je vous connais pour vous avoir vu au palais avec le roi.

Chicot frappa du pied : l’impatience commençait à le gagner.

— Cela doit suffire pour vous prouver que j’ai la confiance de Sa Majesté.

— Sans doute, sans doute ; allez donc faire la commission du roi, monsieur Chicot ; je ne vous arrête plus.

— C’est drôle, mais c’est charmant, pensa Chicot, j’accroche en route, mais je roule toujours. Ventre de biche ! voilà une porte, ce doit être celle d’Agen ; dans cinq minutes, je serai dehors.

Il arriva effectivement à cette porte, gardée par une sentinelle qui se promenait de long en large, le mousquet sur l’épaule.

— Pardon, mon ami, fit Chicot, voulez-vous ordonner que l’on m’ouvre la porte ?

— Je n’ordonne pas, monsieur Chicot, répondit la sentinelle avec aménité, attendu que je suis simple soldat.

— Tu me connais, toi aussi ! s’écria Chicot exaspéré.

— J’ai cet honneur, monsieur Chicot ; j’étais ce matin de garde au palais, je vous ai vu causer avec le roi.

— Eh bien ! mon ami, puisque tu me connais, apprends une chose.

— Laquelle ?

— C’est que le roi m’a donné un message très-pressé pour Agen ; ouvre-moi donc la poterne seulement.

— Ce serait avec grand plaisir, monsieur Chicot ; mais je n’ai pas les clefs, moi.

— Et qui les a ?

— L’officier de service.