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rées de l’imposte ne s’était point exécutée sans bruit ; aussi Chicot, en se relevant, se trouva-t-il face à face avec un soldat.

— Ah ! mon Dieu ! vous seriez-vous fait mal, monsieur Chicot ? lui demanda celui-ci en lui présentant le bout de sa hallebarde en guise de soutien.

— Encore ! pensa Chicot.

Puis, songeant à l’intérêt que lui avait témoigné ce brave homme :

— Non, mon ami, lui dit-il, aucun.

— C’est bien heureux, dit le soldat, je défie que qui que ce soit accomplisse un pareil tour sans se casser la tête ; en vérité, il n’y avait que vous pour cela, monsieur Chicot.

— Mais d’où diable sais-tu mon nom ? demanda Chicot surpris, en essayant toujours de passer.

— Je le sais, parce que je vous ai vu au palais aujourd’hui, et que j’ai demandé : « Quel est ce gentilhomme de haute mine qui cause avec le roi ?

« — C’est M. Chicot, m’a-t-on répondu. » Voilà comment je le sais.

— C’est on ne peut plus galant, dit Chicot ; mais comme je suis très-pressé, mon ami, tu permettras…

— Quoi, monsieur Chicot ?

— Que je te quitte et que j’aille à mes affaires.

— Mais on ne sort pas du palais la nuit ; j’ai une consigne.

— Tu vois bien qu’on en sort, puisque j’en suis sorti, moi.

— C’est une raison, je le sais bien ; mais…

— Mais ?

— Vous rentrerez, voilà tout, monsieur Chicot.

— Ah ! non.

— Comment, non !

— Pas par là, du moins, la route est trop mauvaise.

— Si j’étais un officier au lieu d’être un soldat, je vous demanderais pourquoi vous êtes sorti par là ; mais cela ne