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XX

DE L’ÉTONNEMENT QU’ÉPROUVA CHICOT D’ÊTRE SI POPULAIRE DANS LA VILLE DE NÉRAC.


Chicot ayant bien arrêté sa résolution de quitter incognito la cour du roi de Navarre, commença de faire son petit paquet de voyage.

Il le simplifia du mieux qu’il lui fut possible, ayant pour principe que l’on va plus vite toutes les fois que l’on pèse moins.

Assurément, son épée était la plus lourde portion du bagage qu’il emportait.

— Voyons, que me faut-il de temps, se demandait Chicot en lui-même tout en nouant son paquet, pour faire parvenir au roi la nouvelle de ce que j’ai vu et, par conséquent, de ce que je crains ? Deux jours pour arriver jusqu’à une ville de laquelle un bon gouverneur fasse partir des courriers ventre à terre. Que cette ville, par exemple, soit Cahors, Cahors dont le roi de Navarre parle tant et qui l’occupe à si juste titre. Une fois là, je pourrai me reposer, car enfin les forces de l’homme n’ont qu’une certaine mesure. Je me reposerai donc à Cahors, et les chevaux courront pour moi. Allons, mon ami Chicot, des jambes, de la légèreté, du sang-froid. Tu croyais avoir accompli toute ta mission, niais, tu n’en es qu’à la moitié, et encore !

Cela dit, Chicot éteignit sa lumière, ouvrit le plus doucement qu’il put sa porte et se mit à sortir à tâtons.

C’était un habile stratégiste que Chicot ; il avait, en sui-