Chicot fit sur son fauteuil un bond qui arracha un sourire au roi.
— Ma foi, dit Henri, voilà un démenti auquel je ne m’attendais pas. L’ambassadeur d’Espagne ! Et que diable vient-il faire ici ?
— Oui, répéta Chicot, que diable vient-il faire ici ?
— Nous allons le savoir, dit Henri ; peut-être notre voisin l’Espagnol a-t-il quelque démêlé de frontière à discuter avec moi.
— Je me retire, fit Chicot humblement. C’est sans doute un véritable ambassadeur que vous envoie S. M. Philippe II tandis que moi…
— L’ambassadeur de France céder le terrain à l’Espagnol, et cela en Navarre ! Ventre saint-gris ! cela ne sera point ; ouvre ce cabinet de livres, Chicot, et t’y installe.
— Mais de là j’entendrai tout malgré moi, sire.
— Et tu entendras, morbleu ! que m’importe ? je n’ai rien à cacher, moi. À propos, vous n’avez plus rien à me dire de la part du roi votre maître, monsieur l’ambassadeur ?
— Non, sire, plus rien absolument.
— C’est cela, tu n’as plus qu’à voir et à entendre alors, comme font tous les ambassadeurs de la terre ; tu seras donc à merveille dans ce cabinet pour faire ta charge. Vois de tous tes yeux et entends de toutes tes oreilles, mon cher Chicot.
Puis il ajouta :
— D’Aubiac, dis à mon capitaine des gardes d’introduire M. l’ambassadeur d’Espagne.
Chicot, en entendant cet ordre, se hâta d’entrer dans le cabinet des livres, dont il ferma soigneusement la tapisserie à personnages.
Un pas lent et compassé retentit sur le parquet sonore : c’était celui de l’ambassadeur de S. M. Philippe II.
Lorsque les préliminaires consacrés aux détails d’étiquette