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Majesté, est toujours restée sage ; Fosseuse qui, à vous entendre, aurait résisté à un roi, si un roi lui eût parlé d’amour ; Fosseuse, cette fleur de pureté, ce cristal limpide, doit laisser l’œil de la science pénétrer jusqu’au fond de ses joies et de ses douleurs !

— Hélas ! il n’en est point ainsi, dit tristement Henri.

— Quoi ! s’écria la reine avec cette impétueuse méchanceté que la femme la plus supérieure ne manque jamais de lancer comme un dard sur une autre femme ; quoi, Fosseuse n’est pas une fleur de pureté ?

— Je ne dis pas cela, répondit sèchement Henri, Dieu me garde d’accuser personne ! Je dis que ma fille Fosseuse est atteinte d’un mal qu’elle s’obstine à dissimuler aux médecins.

— Soit aux médecins, mais envers vous, son confident, son père… cela me paraît bien singulier.

— Je n’en sais pas plus long, ma mie, répondit Henri en reprenant son gracieux sourire, ou si j’en sais plus long, je juge à propos de m’arrêter là.

— Alors, sire, dit Marguerite, qui croyait deviner à la tournure de l’entretien qu’elle avait l’avantage et que c’était à elle d’accorder un pardon quand elle croyait avoir au contraire à en solliciter un, alors, sire, je ne sais plus ce que désire Votre Majesté, et j’attends qu’elle s’explique.

— Eh bien, puisque vous attendez, ma mie, je vais tout vous conter.

Marguerite fit un mouvement indiquant qu’elle était prête à tout entendre.

— Il faudrait… continua Henri, mais c’est beaucoup exiger de vous, ma mie…

— Dites toujours, sire.

— Il faudrait que vous eussiez l’obligeance de vous transporter auprès de ma fille Fosseuse.

— Moi, rendre une visite à cette fille que l’on dit avoir l’honneur d’être votre maîtresse, honneur que vous ne déclinez pas ?