a rien là d’extraordinaire, vous savez que presque tous les soirs nous dansons.
— Moi, j’ai une grande chasse pour demain, une grande chasse.
— Ah !
— Oui, une battue aux loups.
— Chacun notre plaisir, sire : vous aimez la chasse, moi le bal ; vous chassez, moi je danse.
— Oui, ma mie, fit Henri, en soupirant ; et en vérité, il n’y a pas de mal à cela.
— Certainement, mais Votre Majesté dit cela en soupirant.
— Écoutez-moi, Madame.
Marguerite devint tout oreilles.
— J’ai des inquiétudes.
— À quel sujet, sire ?
— Au sujet d’un bruit qui court.
— D’un bruit ?… Votre Majesté s’inquiète d’un bruit ?
— Quoi de plus simple, ma mie, quand ce bruit peut vous causer de la peine ?
— À moi ?
— Oui, à vous.
— Sire, je ne vous comprends pas.
— N’avez-vous rien ouï dire ? fit Henri du même ton.
Marguerite se mit à trembler sérieusement que ce ne fût une façon d’attaquer de son mari.
— Je suis la femme du monde la moins curieuse, sire, dit-elle, et je n’entends jamais que ce qu’on vient corner à mes oreilles. D’ailleurs, j’estime si pauvrement ce que vous appelez ces bruits, que je les entendrais à peine les écoutant ; à plus forte raison me bouchant les oreilles quand ils passent.
— C’est votre avis, alors, Madame, qu’il faut mépriser tous ces bruits ?
— Absolument, sire, et surtout nous autres rois.
— Pourquoi nous surtout, Madame ?
— Parce que nous autres rois, étant dans tous les discours,