Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Non pas ; mais j’étais allé chez madame la duchesse pour parler à Mayneville.

— Chez quelle duchesse ?

— Il n’y en a qu’une seule, ce me semble, chez laquelle on puisse parler à Mayneville, dit Borromée, qui d’abord avait cru pouvoir répondre catégoriquement au lieutenant de la prévôté, parce que ce lieutenant pouvait le faire suivre, mais qui cependant ne voulait pas être trop communicatif avec le curieux.

— Alors, reprit Nicolas Poulain, qu’alliez-vous faire chez madame de Montpensier ?

— Eh ! mon Dieu c’est tout simple, dit Borromée, cherchant une réponse spécieuse ; notre révérend prieur a été sollicité par madame la duchesse de devenir son directeur ; il avait accepté, mais un scrupule de conscience l’a pris, et il refuse. L’entrevue était fixée à demain ; je dois donc, de la part de dom Modeste Gorenflot, dire à la duchesse qu’elle ne compte plus sur lui.

— Très-bien ; mais vous n’avez pas l’air d’aller du côté de l’hôtel de Guise, mon très-cher frère ; je dirai même plus, c’est que vous lui tournez parfaitement le dos.

— C’est vrai, reprit frère Borromée, puisque j’en viens.

— Mais où allez-vous alors ?

— On m’a dit, à l’hôtel, que madame la duchesse était allée faire visite à M. de Mayenne, arrivé ce soir et logé à l’hôtel Saint-Denis.

— Toujours vrai. Effectivement, dit Poulain, le duc est à l’hôtel Saint-Denis, et la duchesse est près du duc ; mais, compère, à quoi bon, je vous prie, jouer au fin avec moi ? Ce n’est pas d’ordinaire le trésorier qu’on envoie faire les commissions du couvent.

— Auprès d’une princesse, pourquoi pas ?

— Et ce n’est pas vous, le confident de Mayneville, qui croyez aux confessions de madame la duchesse de Montpensier ?