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de mort, de leur adresser une seule parole. Le roi monta dans son carrosse et plaça son épée nue à côté de lui.

Monsieur d’Épernon jura parfandious ! et essaya galamment si la sienne jouait bien au fourreau.

Neuf heures sonnaient au donjon : on partit.

Une heure après le départ d’Ernauton, M. de Mayneville était encore à la fenêtre d’où nous l’avons vu essayer, mais vainement, de suivre la route du jeune homme dans la nuit ; seulement, cette heure écoulée, il était beaucoup moins tranquille, et surtout un peu plus enclin à espérer le secours de Dieu, car il commençait à croire que le secours des hommes lui manquait.

Pas un de ses soldats n’avait paru : la route, silencieuse et noire, ne retentissait, à des intervalles éloignés, que du bruit de quelques chevaux dirigés à toute bride sur Vincennes.

À ce bruit, M. de Mayneville et la duchesse essayaient de plonger leurs regards dans les ténèbres pour reconnaître leurs gens, pour deviner une partie de ce qui se passait, ou savoir la cause de leur retard.

Mais, ces bruits éteints, tout rentrait dans le silence.

Ce va-et-vient perpétuel, sans aucun résultat, avait fini par inspirer à Mayneville une telle inquiétude, qu’il avait fait monter à cheval un des gens de la duchesse, avec ordre d’aller s’informer auprès du premier peloton de cavaliers qu’il rencontrerait.

Le messager n’était point revenu.

Ce que voyant l’impatiente duchesse, elle en avait envoyé un second, qui n’était pas plus revenu que le premier.

— Notre officier, dit alors la duchesse, toujours disposée à voir les choses en beau, notre officier aura craint de n’avoir pas assez de monde, et il garde comme renfort les gens que nous lui envoyons ; c’est prudent, mais inquiétant.

— Inquiétant, oui, fort inquiétant, répondit Mayneville,