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Il n’y avait donc plus péril pour le roi à revenir à Paris.

Loignac comptait sans le couvent des Jacobins et sans l’artillerie et la mousqueterie des bons pères.

Ce dont d’Épernon était parfaitement informé, lui, par Nicolas Poulain.

Aussi, quand Loignac vint dire à son chef :

— Monsieur, les chemins sont libres.

D’Épernon lui répliqua :

— C’est bien. L’ordre du roi est que les quarante-cinq fassent trois pelotons, un devant et un de chaque côté des portières ; peloton assez serré pour que le feu, s’il y a feu par hasard, n’atteigne pas le carrosse.

— Très-bien, répondit Loignac avec l’impassibilité du soldat ; mais, quant à dire feu, comme je ne vois pas de mousquets, je ne prévois pas de mousquetades.

— Aux Jacobins, Monsieur, vous ferez serrer les rangs, dit d’Épernon.

Ce dialogue fut interrompu par le mouvement qui s’opérait sur l’escalier.

C’était le roi qui descendait, prêt à partir : il était suivi de quelques gentilshommes parmi lesquels, avec un serrement de cœur facile à comprendre, Sainte-Maline reconnut Ernauton.

— Messieurs, demanda le roi, mes braves quarante-cinq sont-ils réunis ?

— Oui, sire, dit d’Épernon en lui montrant un groupe de cavaliers qui se dessinait sous les voûtes.

— Les ordres ont été donnés ?

— Et seront suivis, sire.

— Alors partons, dit Sa Majesté.

Loignac fit sonner le boute-selle.

L’appel fait à voix basse, il se trouva que les quarante-cinq étaient réunis, pas un ne manquait.

On confia aux chevau-légers le soin d’emprisonner les gens de Mayneville et de la duchesse, avec défense, sous peine