Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Monsieur de Pincorney ! s’écria Ernauton. Oh ! fi ! le vilain métier que vous faites là.

— J’ai dit silence ! répéta la voix retentissante à quelques pas, qu’on mène cet homme au dépôt.

— Mais, monsieur de Sainte-Maline, dit Perducas de Pincorney, cet homme que nous venons d’arrêter…

— Eh bien ?

— C’est notre compagnon, M. Ernauton de Carmainges.

— Ernauton ici ! s’écria Sainte-Maline pâlissant de colère ; lui, que fait-il là ?

— Bonsoir, Messieurs, dit tranquillement Carmainges ; je ne croyais pas, je l’avoue, me trouver en si bonne compagnie.

Sainte-Maline resta muet.

— Il paraît qu’on m’arrête, continua Ernauton ; car je ne présume point que vous me dévalisiez ?

— Diable ! diable ! grommela Sainte-Maline, l’événement n’était pas prévu.

— De mon côté non plus, je vous jure, dit en riant Carmainges.

— C’est embarrassant ; voyons, que faites-vous sur la route ?

— Si je vous faisais cette question, monsieur de Sainte-Maline, me répondriez-vous ?

— Non.

— Trouvez bon alors que j’agisse comme vous agiriez.

— Alors vous ne voulez pas dire ce que vous faisiez sur la route ?

Ernauton sourit, mais ne répondit pas.

— Ni où vous alliez ?

Même silence.

— Alors, Monsieur, dit Sainte-Maline, puisque vous ne vous expliquez point, je suis forcé de vous traiter en homme ordinaire.

— Faites, Monsieur ; seulement, je vous préviens que vous répondrez de ce que vous aurez fait.