Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/324

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le coup de main peut se faire sans éclat, l’endroit étant désert et écarté.

Mayenne secoua la tête.

— Si désert et si écarté qu’il soit, dit-il, on n’enfonce pas une bonne porte, et l’on ne tire pas une vingtaine de coups d’arquebuse sans un peu d’éclat.

— Nous avons prévu cette objection, Monseigneur, dit Marteau ; un des archers du chevalier du guet est à nous. Au milieu de la nuit nous irons frapper à la porte, deux ou trois seulement : l’archer ouvrira ; il ira prévenir le chevalier que Sa Majesté veut lui parler. Cela n’a rien d’étrange : une fois par mois, à peu près, le roi mande cet officier pour des rapports et des expéditions. La porte ouverte ainsi, nous faisons entrer dix hommes, des mariniers qui logent au quartier Saint-Paul, et qui expédient le chevalier du guet.

— Qui égorgent, c’est-à-dire ?

— Oui, Monseigneur. Voilà donc les premiers ordres de défense interceptés. Il est vrai que d’autres magistrats, d’autres fonctionnaires peuvent être mis en avant par les bourgeois trembleurs ou les politiques. Il y a M. le président, il y a M. d’O, il y a M. de Chiverny, M. le procureur Laguesle ; eh bien ! on forcera leurs maisons à la même heure : la Saint-Barthélémy nous a appris comment cela se faisait, et on les traitera comme on aura traité M. le chevalier du guet.

— Ah ! ah ! fit le duc, qui trouvait la chose grave.

— Ce sera une excellente occasion, Monseigneur, de courir sus aux politiques, tous désignés dans nos quartiers, et d’en finir avec les hérésiarques religieux et les hérésiarques politiques.

— Tout cela est à merveille, Messieurs, dit Mayenne, mais vous ne m’avez pas expliqué si vous prendrez aussi en un moment le Louvre, véritable château fort, où veillent incessamment des gardes et des gentilshommes. Le roi, si