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Voyez-vous cette belle arriérée qui va seule, tête baissée ? — Page 340

Alors, au risque d’interrompre tout l’ordre de la fête par son dépit, il s’enfuit, mettant en lambeaux son bel habit de Vertumne, et semant sur son chemin les pampres, les mûres, les feuilles d’amandier et tous les petits attributs artificiels de sa divinité.

Un quart d’heure après, il était de retour sur le théâtre. Mais il était facile de comprendre qu’il n’y avait qu’un puissant effort de la raison sur la folie qui avait pu le ramener, ou peut-être, le cœur est ainsi fait, l’impossibilité même de rester plus longtemps éloigné de celle qui lui brisait le cœur.

Madame achevait son pas.

Elle le vit, mais ne le regarda point ; et lui, irrité, furieux, lui tourna le dos à son tour lorsqu’elle passa escortée de ses nymphes et suivie de cent flatteurs.

Pendant ce temps, à l’autre bout du théâtre, près de l’étang, une femme était assise, les yeux fixés sur une des fenêtres du théâtre.

De cette fenêtre s’échappaient des flots de lumière.

Cette fenêtre, c’était celle de la loge royale.

De Guiche en quittant le théâtre, de Guiche en allant chercher l’air dont il avait si grand besoin, de Guiche passa près de cette femme et la salua.

Elle, de son côté, en apercevant le jeune homme, s’était levée comme une femme surprise au milieu d’idées qu’elle voudrait se cacher à elle-même.