Page:Dumas - Le Vicomte de Bragelonne, 1876.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.

porche, attendu que les soldats de Monsieur fraternisaient avec les soldats royaux, c’est-à-dire sablaient le beaugency à discrétion, ou plutôt à indiscrétion, l’inconnu traversa la foule, puis franchit la cour, puis vint jusqu’au palier de l’escalier qui conduisait chez le cardinal.


« Votre Majesté m'a tout dit ? » — Page 36.

Ce qui, selon toute probabilité, l’engageait à se diriger de ce côté, c’était l’éclat des flambeaux et l’air affairé des pages et des hommes de service.

Mais il fut arrêté net par une évolution de mousquet et par le cri de la sentinelle.

— Où allez-vous, l’ami ? lui demanda le factionnaire.

— Je vais chez le roi, répondit tranquillement et fièrement l’inconnu.

Le soldat appela un des officiers de Son Éminence, qui, du ton avec lequel un garçon de bureau dirige dans ses recherches un solliciteur du ministère, laissa tomber ces mots :

— L’autre escalier en face.

Et l’officier, sans plus s’inquiéter de l’inconnu, reprit la conversation interrompue.

L’étranger, sans rien répondre, se dirigea vers l’escalier indiqué.

De ce côté, plus de bruit, plus de flambeaux.

L’obscurité, au milieu de laquelle on voyait errer une sentinelle pareille à une ombre.

Le silence, qui permettait d’entendre le bruit de ses pas accompagnés du retentissement des éperons sur les dalles.

Ce factionnaire était un des vingt mousquetaires affectés au service du roi, et qui montait la garde avec la raideur et la conscience d’une statue.

— Qui vive ? dit ce garde.