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officier. Il est vrai que j’apportai la paix aux Espagnols et aux Français. Cela rachète un peu mon péché.


Louis XIV

— Je ne vois pas le moindre péché à montrer qu’on monte à cheval, dit le théatin ; c’est du goût parfait, et cela honore notre robe. En ma qualité de chrétien, j’approuve que vous ayez empêché l’effusion du sang ; en ma qualité de religieux, je suis fier de la bravoure qu’un collègue a témoignée.

Mazarin fit un humble salut de la tête.

— Oui, dit-il, mais les suites !

— Quelles suites ?

— Eh ! ce damné péché d’orgueil a des racines sans fin… Depuis que je m’étais jeté comme cela entre deux armées, que j’avais flairé la poudre et parcouru des lignes de soldats, je regardais un peu en pitié les généraux.

— Ah !

— Voilà le mal… En sorte que je n’en ai plus trouvé un seul supportable depuis ce temps-là.

— Le fait est, dit le théatin, que les généraux que nous avons eus n’étaient pas forts.

— Oh ! s’écria Mazarin, il y avait M. le Prince… je l’ai bien tourmenté, celui-là !

— Il n’est pas à plaindre, il a acquis assez de gloire et assez de bien.

— Soit pour M. le Prince ; mais M. de Beaufort, par exemple… que j’ai tant fait souffrir au donjon de Vincennes ?…

— Ah ! mais c’était un rebelle, et la sûreté de