Page:Dumas - Le Vicomte de Bragelonne, 1876.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

roi, et Mademoiselle Henriette, petite-fille de Henri IV. Voulez-vous remettre au roi votre lettre de créance, monsieur le comte.

Athos resta un instant stupéfait. Comment le ministre pouvait-il savoir le contenu d’une lettre qui ne l’avait pas quitté un seul instant. Cependant, toujours maître de lui, il tendit sa dépêche au jeune roi Louis XIV, qui la prit en rougissant. Un silence solennel régnait dans la chambre du cardinal. Il ne fut troublé que par le bruit de l’or que Mazarin, de sa main jaune et sèche, empilait dans un coffret pendant la lecture du roi.


— Elle verra le nom de toutes les maladies incurables que nous avons découvertes… — Page 126.


XLI

LE RÉCIT

La malice du cardinal ne laissait pas beaucoup de choses à dire à l’ambassadeur ; cependant le mot de restauration avait frappé le roi, qui, s’adressant au comte, sur lequel il avait les yeux fixés depuis son entrée :

— Monsieur, dit-il, veuillez nous donner quelques détails sur la situation des affaires en Angleterre. Vous venez du pays, vous êtes Français, et les ordres que je vois briller sur votre personne annoncent un homme de mérite en même temps qu’un homme de qualité.

— Monsieur, dit le cardinal en se tournant vers la reine mère, est un ancien serviteur de Votre Majesté, monsieur le comte de La Fère.

Anne d’Autriche était oublieuse comme une reine dont la vie a été mêlée d’orages et de beaux jours. Elle regarda Mazarin, dont le mauvais sourire lui promettait quelque noirceur, puis elle sollicita d’Athos, par un autre regard, une explication.

— Monsieur, continua le cardinal, était un mousquetaire Tréville, au service du feu roi…