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– Mademoiselle, répondit-il, je suivrai aveuglément vos ordres.

– Soyez tranquille sur le résultat, monsieur. Où devrai-je vous le faire connaître ?

Marius donna l’adresse de son patron. Mlle Riouffe lui fit observer que la qualité qui était sienne à dater de ce moment exigeait qu’elle serrât la main de celui auquel elle servait de second. Cette étreinte acheva de bouleverser le jeune homme. Lorsqu’il traversa le bureau pour sortir, il alla donner dans la fenêtre qu’il prenait pour la porte, à l’ébahissement des commis. Dans la rue, il demeura en contemplation devant la maison où demeurait Mlle Riouffe : il lui semblait que les murs qui renfermaient un si charmant trésor avaient une physionomie toute différente des autres murs.

Le soir, un garçon du magasin apporta une lettre.

Marius n’eut pas plus tôt jeté un regard sur l’adresse, qu’il reconnut l’écriture fine et déliée qu’il avait vue sur le grand-livre de la maison Riouffe et sœur. Il la saisit comme un avare le trésor qu’il rencontre, comme un naufragé le morceau de pain qu’on lui offre, et courut s’enfermer dans la mansarde qu’il habitait pour la lire.

Déjà il lui semblait que les yeux d’un indifférent eussent profané cette écriture.

Ses doigts tremblaient tellement lorsqu’il voulut