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jure encore… Que monsieur votre père se déclare satisfait, n’est-ce pas tout ce que vous désirez ? Que la parole de M. Riouffe le garantisse à l’avenir de ces détestables plaisanteries, n’est-ce pas tout ce que vous voulez ? Je vous promets que vous aurez tout cela, monsieur ; mais, au nom de votre mère, au nom de tout ce que vous aimez, faites que je ne voie pas les jours de mon frère aventurés pour une aussi misérable cause.

Mlle Riouffe eût pu parler longtemps ainsi, Marius ne l’eût pas interrompue, tant il était enivré par le son de sa voix, par la contemplation de son charmant visage. Quant à refuser ce qu’elle implorait, cela ne lui était plus permis. Ce que la jeune fille venait de lui raconter avait achevé de conquérir le cœur et de révolutionner le cerveau de Marius. En la voyant si belle, et en même temps si douce, si tendre, si touchante dans son dévouement, il se demandait comment l’univers pouvait ne pas être aux pieds de cette adorable créature. Dans son enthousiasme méridional, que contenait à grand-peine sa timidité naturelle, il avait envie de lui offrir, non pas seulement le sacrifice de ses griefs, celui de sa vie si elle en avait besoin, mais encore de lui assurer que, sur un seul mot d’elle, M. Coumbes oublierait ses griefs ; ce qui était bien autrement outrecuidant.