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doute contracté quelque dette vis-à-vis de vous ou de vos parents, continua la jeune fille, dont la physionomie s’était légèrement attristée. Vous pouvez parler avec confiance, monsieur ; si votre créance est légitime, ce dont je ne doute pas, je ferai en sorte de vous renvoyer content.

Marius comprenait qu’il ne devait rien apprendre du motif de sa visite à cette jeune fille, qui, d’après la raison sociale inscrite sur la porte, lui paraissait devoir être la sœur de l’ennemi de M. Coumbes ; mais il s’abandonnait si naïvement au bonheur de la voir et de l’entendre, qu’il oubliait que la première condition de la discrétion qu’il entendait conserver était de se retirer ; au lieu de cela, il demeurait devant elle dans une sorte de muette extase.

Lorsque mademoiselle Riouffe se tut, attendant une réponse, Marius resta un instant déconcerté ; puis il répliqua avec une vivacité dont il ne fut pas maître :

– Mademoiselle, la dette que je viens réclamer à M. Riouffe n’est point de celles qui se soldent à la caisse.

Rien n’est plus fréquent que le désaccord entre les lèvres et la pensée. Subissant un dernier accès de la fièvre belliqueuse que M. Coumbes avait soufflée sur lui la veille au soir, Marius s’était laissé emporter par la redondance de la phrase. Elle ne fut pas plus tôt