Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que je suis prêt à tenir l’engagement qu’elle me demandait de prendre.

La voix de l’adolescent était ferme, énergique, sûre d’elle-même ; cependant M. Coumbes crut ou voulut croire à une rodomontade de jeune homme.

– Non, dit-il avec une nouvelle amertume, ta mère avait raison tout à l’heure ; j’ai tort de vouloir qu’on respecte mon bien et ma personne, tort de me lasser des avanies que l’on me fait subir, des affronts dont on m’accable. À quoi bon demander un respect que l’on est trop âgé pour commander ? N’est-ce pas tout simple, tout naturel, que les jeunes gens fassent leur jouet d’un pauvre vieillard, et n’est-ce pas insensé à celui-ci de faire entendre ses plaintes ?

M. Coumbes avait totalement oublié qu’il avait joué le rôle de provocateur dans les événements qu’il rappelait.

– Vous avez protégé mon enfance, reprit Marius avec une énergie croissante, c’est à moi de protéger votre vieillesse. Qui vous touche, me touche ; qui vous insulte, m’insulte. Demain je verrais M. Riouffe.

Le doute n’était plus permis à M. Coumbes. Il avait trouvé un champion, et, malgré sa jeunesse, le courage de ce champion pouvait lui faire espérer de triompher de ses ennemis.

Pour la troisième fois depuis le commencement de