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avec son figuier, son jardin, son cabanon et Millette métamorphosée en Vendredi. Enfin, il en arriva à maudire la floraison luxuriante du carré de pois qui lui avait, sans aucun doute, attiré ce fâcheux voisinage. C’était bien là le plus éclatant témoignage qu’il pût fournir du désordre que tant d’événements avaient jeté dans ses idées.

Sur ces entrefaites, il entendit chuchoter dans la cuisine. Il en ouvrit doucement la porte, bien décidé à tancer vertement Millette si elle s’était permis de recevoir quelqu’un sans son autorisation.

Il aperçut sur une chaise, à côté du petit fauteuil sur lequel s’asseyait Millette, Marius qui, les deux mains dans les mains de sa mère, causait tendrement avec celle-ci. C’était le jour de sortie du fils de sa compagne. M. Coumbes avait lui-même provoqué cette visite hebdomadaire de Marius. Il n’y avait pas moyen de décharger sur eux un peu de la bile qui l’oppressait.

M. Coumbes le comprit, et en même temps il eut une idée lumineuse.

Il tendit les bras au jeune homme qui s’avançait respectueusement pour l’embrasser, le serra sur son cœur, et sa physionomie devint souriante.