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couche de sable, la figure pâle, les yeux égarés, il y fut accueilli par un éclat de rire homérique. Ces éclats de rire redoublèrent lorsqu’il raconta ce qu’il avait vu et ce qui venait de lui arriver.

Le maire eut beaucoup de peine à faire comprendre à l’ancien maître portefaix qu’il avait été victime d’une mystification ; que ces jeunes gens, ayant découvert son indiscrétion, avaient voulu l’en punir, et qu’il n’avait pas le droit de s’en plaindre. Il eut beau lui conseiller d’en rire, il ne put jamais l’y déterminer.

M. Coumbes sortit furieux du café. Rentré chez lui, le dépit et la colère l’empêchèrent de trouver un instant de repos. N’eût-il pas été tourmenté de ces sentiments, qu’il n’eût pas dormi davantage.

M. Riouffe et ses amis firent pendant toute cette nuit un sabbat infernal. C’étaient des cliquetis de verres et d’assiettes, des fracas de bouteilles cassées, des rires qui n’avaient rien d’humain. Vingt voix chantaient vingt chansons qui n’avaient entre elles que ce rapport qu’elles étaient toutes empruntées à ce que la marine offre de plus salé en ce genre, qu’un bruit de pelles, de casseroles et de chaudrons entrechoqués leur servait invariablement d’accompagnement.

Il était temps que le jour vint ; sans cela, la rage de M. Coumbes eût dégénéré en fièvre chaude. Mais