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qu’en recommandant à son compagnon de se tenir prêt à s’élancer sur les épaules de la malheureuse.

Les autres pénitents entonnaient le De profondis.

M. Coumbes tremblait comme une feuille ; il entendait ses dents s’entrechoquer ; il ne respirait plus, il râlait. Cependant il ne pouvait laisser mourir ainsi cette infortunée. Il devait songer à l’arracher à cette mort affreuse, plutôt que de se réserver pour venger ses mânes. Il rassembla donc toutes ses forces, et poussa un cri qu’il essaya de rendre terrible, mais que la terreur qu’il éprouvait étrangla dans sa gorge.

En ce moment, il lui sembla que les cataractes du ciel s’ouvraient sur sa tête ; il se sentit inondé, et la commotion violente d’une masse d’eau lancée avec force, l’atteignant à la poitrine, le renversa en arrière. On avait dirigé sur lui la lance d’une pompe à incendie, manœuvrée par dix bras vigoureux.

Son toit était heureusement à peu de distance du sol, et le sable qui formait celui-ci était si moelleux, qu’il ne se fit aucun mal. Mais, à moitié fou, perdant la tête, ne se rendant pas compte de ce qui venait de lui arriver, il courut chez le maire de Bonneveine.

Il trouva le magistrat dans l’unique café de l’endroit, charmant par une partie de piquet les loisirs que lui laissaient ses administrés.

Lorsque M. Coumbes entra dans la salle enfumée, avec ses habits mouillés et couvert d’une épaisse