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Il le regarda d’un air de mauvaise humeur, avec ses gros sourcils froncés et ses lèvres pincées ; et une fois encore, sa raison, son bon sens eurent une lutte à soutenir contre les suggestions passionnées de son orgueil. Il en triompha cette fois encore, mais toujours à peu près ; car, bien que sa curiosité fût vivement excitée, qu’il désirât ardemment savoir le nom de l’heureux possesseur de ce nouveau domaine, il ne put se décider à l’aller demander aux ouvriers. Il lui semblait que sa rougeur eût révélé l’appréhension que lui causait cette rivalité future. Il était embarrassé, inquiet, et ne regardait plus qu’à la dérobée les murs rougeâtres du cabanon dont il était naguère si fier et si heureux.

Ce nom, malgré le soin qu’il apportait à écarter toute pensée qui lui rappelât le chalet neuf, ce nom le préoccupait sans cesse. Le hasard se chargea de le lui apprendre.

La construction voisine avait marché si rapidement, que quelques légumes témoignaient encore de la splendeur qui, l’été précédent, avait caractérisé le jardin de M. Coumbes. La poussière du plâtre et de la chaux, que les maçons du voisinage avaient répandue dans l’atmosphère, avait enduit ces légumes d’une façon compromettante, et le portefaix, une brosse à la main, un seau d’eau à ses pieds, s’occupait de les en débarrasser.