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perspicacité, le jeune homme croyait avoir deviné que des liens plus réels que ceux du bienfait existaient entre le maître portefaix et lui.

Ce qui avait pu le confirmer dans cette croyance, c’est que, s’étant peu à peu habitué à appeler M. Coumbes son père, celui-ci ne s’y était point opposé.

Lorsque M. Coumbes quitta Marseille pour Montredon, il y avait un an que le fils de Millette était entré, comme commis subalterne, dans une maison de commerce. Chaque soir, il s’échappait pour aller embrasser sa mère. C’était ce baiser du soir qu’elle allait perdre qui inspirait à Millette les regrets que semblait lui causer la ville. Elle fut si triste, que M. Coumbes s’en aperçut. Il était si joyeux de triompher sur toute la ligne, de voir réduits au silence les mauvais plaisants qui avaient prétendu que, pour avoir des arbres dans son jardin, il serait forcé d’emprunter des décors au grand théâtre, qu’il ne voulut pas que le visage de Millette fît tache dans son bonheur.

Il lui permit, en conséquence, de faire venir son fils tous les dimanches.