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pas d’agir sur M. Coumbes dans la cause en litige. En l’an de grâce 1845 il enchaîna l’ennemi particulier de celui-ci dans les retraites caverneuses du mont Ventoux, et il nous envoya un été doux et humide. Les sables de Montredon firent merveille, pour la première fois depuis que le maître portefaix possédait sa villa. Les salades ne séchèrent pas dans leur maillot, les fèves poussèrent rapidement, les tiges frêles des tomates se courbèrent sous les régimes de leurs pommes côtelées ; et un samedi soir, en arrivant à son jardin, M. Coumbes, dont la surprise égalait le bonheur, compta deux cent soixante dix-sept fleurs dans un carré de poix. Il s’attendait si peu à ce succès inespéré, que, de loin, il les avait prises pour des papillons. Cet événement triompha de toutes ses résistances. Du moment où une fleur s’ouvrait dans le jardin de M. Coumbes, il eût été indécent qu’il n’assistât pas à son épanouissement. Il céda sa charge, réalisa et plaça son petit avoir, sous-loua son appartement et s’établit définitivement à Montredon.

Millette ne vit pas d’un très bon œil ce changement de résidence.

En nous appesantissant outre mesure sur les faits et gestes du propriétaire du cabanon, nous avons un peu négligé un personnage qui doit jouer un certain rôle dans ce récit.