Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des anges aux astres du ciel, puis revenaient à des divinités fantasques que son cerveau, ce cerveau qui jamais, jusque-là, n’avait été plus loin que les transformations architecturales du cabanon, créait avec une facilité qui tenait du prodige.

M. Coumbes crut qu’il devenait fou. Mais sa folie lui sembla si charmante, qu’il ne protesta point contre elle.

La chanson finie, Millette se tut, et M. Coumbes ouvrit ses yeux et se décida à quitter la région éthérée pour redescendre sur la terre. Sans se rendre compte pourquoi, son premier regard fut pour la jeune femme.

Millette étendait du linge sur des cordes au bord de la mer ; occupation bien prosaïque, et dans laquelle, cependant, M. Coumbes la trouva aussi belle que la plus belle des fées dont il venait de parcourir les royaumes enchantés.

Elle était vêtue d’un costume complet de blanchisseuse : d’une simple chemise et d’une jupe. Ses cheveux pendaient à moitié dénoués sur son dos, et le souffle de la brise de mer qui jouait avec eux lui en faisait une auréole. Ses épaules blanches et charnues sortaient de la toile bise comme un morceau de marbre poli par les flots sort du rocher ; non moins blanche était sa poitrine, qu’elle découvrait en levant les bras, tandis qu’en se dressant sur ses