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certain embarras, qu’étant sur le point de traiter pour une des maîtrises de sa corporation, il avait besoin de toutes ses ressources, et ne pouvait, à son grand regret, venir à son aide.

Millette se montra désolée qu’il l’eût si mal comprise, et lui assura avec vivacité que jamais elle n’avait songé à exploiter la bienveillance qu’il lui témoignait.

M. Coumbes lui reprocha de l’avoir interrompu et continua son discours en lui disant qu’il y avait peut être moyen de tout arranger. Dans sa nouvelle position, il aurait besoin d’une servante, et lui donnait la préférence.

Millette se montra enchantée d’abord de voir les prédictions des voisins se réaliser, et le jeune portefaix sur la route de la fortune ; ensuite de la proposition elle-même que M. Coumbes venait de lui faire. Elle était si pure, si naïve, qu’il lui semblait tout naturel d’être la domestique de ce jeune homme, et, auprès de lui, elle crut que la servitude lui serait moins pénible.

M. Coumbes ne fut guère moins satisfait.

Non pas que les yeux de la belle Arlésienne eussent éveillé quelques désirs dans son cœur, non pas qu’il nourrît à l’endroit de la jeune femme quelque pensée déshonnête ; son cœur, réfractaire à l’amour, ne s’échauffait pas si facilement ; mais parce que ses