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et qui est remarquable surtout chez les noyés ; ses bras avaient pris la force de deux cercles de fer que l’on eût soudés entre eux.

Pierre Manas eut beau se tordre, secouer la mourante, la frapper de nouveau de son poignard, il ne put parvenir à lui faire lâcher prise.

Cependant la voix de Millette, le cri désespéré poussé par elle avait éveillé chez M. Coumbes l’instinct de la conservation que les affres de la mort lui avaient fait perdre. Son fusil se trouva entre ses mains tout armé, avec une spontanéité que, plus tard, lorsqu’il racontait cette scène, il attribuait à un miracle de sang-froid ; il le tendit en avant, fit feu sans épauler et sans viser, comme c’était, au reste, dans ses habitudes, et Pierre Manas, atteint en pleine poitrine de deux cents grains de plomb qui firent balle, tomba foudroyé aux pieds du maître du cabanon.

Suffoqué d’émotion, M. Coumbes allait s’évanouir à son tour, lorsqu’il entendit heurter violemment à la porte et une voix de femme qui criait :

– Que faites-vous donc, M. Coumbes ?… mon frère a parlé, ce n’est point Marius qui est l’assassin !