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– Millette ! Millette ! s’écria-t-il, quel est cet homme ?

– Vous ne me reconnaissez pas, dit Pierre Manas ; eh bien, c’est drôle, moi, je vous ai reconnu tout de suite en vous retrouvant aussi laid que quand je suis parti. C’est la bonne chance des vilains visages de rester les mêmes, et vous aviez tout ce qu’il fallait pour ne pas changer ; mais, moi, que madame a épousé par amour, parce que j’étais joli garçon, je n’ai pu me servir de cet heureux privilège, ce qui fait que vous ne me reconnaissez pas. Millette, dites donc mon nom à M. Coumbes.

– Pierre Manas ! s’écria ce dernier, qui venait de recueillir le souvenir que lui avait laissé la nuit où le bandit avait voulu pendre sa femme.

– Eh ! oui, sans doute, Pierre Manas, mon bon monsieur, qui vient, en compagnie de son épouse, régler avec vous certains comptes que vous avez laissés trop longtemps en souffrance.

– Oh ! Millette ! Millette ! fit l’ex-portefaix, qui, dans son trouble, ne remarquait pas que les yeux de la pauvre femme lui indiquaient son fusil, dont le canon jetait un éclair dans un des coins de la chambre et à portée de sa main.

– Il ne s’agit pas de Millette, mon cher monsieur, reprit Pierre Manas ; tron de l’air ! à votre âge, il est honteux d’ignorer que c’est le mari qui surveille les