Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/297

Cette page n’a pas encore été corrigée

et, une fois dans sa chambre, de me dire où le scélérat cache notre argent.

– Notre argent !

– Eh ! oui, notre argent ; puisque tu n’avais pas de gages, puisque tu soignais ses intérêts, puisque tu faisais fructifier le capital, la moitié des économies faites pendant la durée de l’association t’appartient. Je te promets de ne prendre que la moitié, juste notre compte ; donc, plus de scrupules et marchons.

– Jamais ! jamais ! s’écria Millette.

Mais au second jamais, elle poussa un cri de douleur : elle avait senti la pointe du couteau du bandit s’enfoncer dans les chairs de son épaule.

– Pierre ! Pierre ! dit-elle, je ferai tout ce que tu voudras ; mais tu me jures que pas un cheveu ne tombera de la tête de celui que tu veux dépouiller ?

– Sois donc tranquille, je sais trop ce que nous lui devons pour avoir pris soin de toi depuis vingt ans, et nous avoir ménagé de petites ressources pour notre vieillesse. Mais ne perdons pas le temps : le temps, c’est de l’argent, comme disent les Américains.

– Mon Dieu ! mon Dieu ! tu m’avais fait espérer que quand tu aurais la bourse de Marius, tu quitterais la France.

– Que veux-tu ! l’appétit vient en mangeant ; puis je me fais vieux ; et, surtout à l’étranger, je ne serais