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celle-ci sous son bras et la serra fortement contre sa poitrine. Enfin, pour plus de sûreté, il enferma la main de Millette dans la sienne.

– Et maintenant, lui dit-il, ne crains point de t’appuyer sur ton soutien naturel et légitime, chère amie. Tron de l’air ! je suis sûr que, de loin et dans la nuit, on va nous prendre pour deux fiancés bien amoureux l’un de l’autre.

Tout en parlant et en agissant, Pierre Manas avait marché, et Millette, se sentant frapper au visage par l’air frais de la rue, comprit qu’ils étaient sortis de l’allée.

Elle respira avec plus de facilité.

– Oui, oui, dit Pierre Manas, à qui rien n’échappait, voilà la respiration qui nous revient ; au reste, nous en avons besoin, nous avons une trotte à faire.

Ils avancèrent ; mais, quoique le bandeau qui couvrait ses yeux empêchât la pauvre femme de rien distinguer autour d’elle, elle reconnut que son mari usait des plus grandes précautions pour traverser la ville. Il ne s’engageait jamais dans une rue nouvelle avant de l’avoir attentivement explorée du regard ; les haltes étaient fréquentes ; souvent le bandit tournait brusquement, faisant volte-face et revenant sur ses pas comme si quelque danger inattendu se fût dressé sur sa route. Quant à Millette, commençant à