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pourvu qu’il ne m’en coûte pas ma peau, je suis disposé à faire quelque chose pour lui.

– Oh ! mon Dieu, fit Millette haletante d’espérance.

– Oui, ajouta-t-il après avoir fait semblant de réfléchir, je suis tout décidé, non pas à le sauver moi-même, mais à te laisser le sauver.

– Et que faut il faire pour cela ?

– Tu comprends, ce n’est pas aujourd’hui, ce n’est pas demain que le petit va paraître devant ses juges et que le jugement va être prononcé ; la justice n’est pas si pressée que cela ; j’ai donc le temps de gagner au large et de passer de l’autre côté du Var. Une fois de l’autre côté du Var, jusqu’où tu auras la bonté de m’accompagner, je te dis : « Bien le bonsoir, Millette ; maintenant, tu peux faire et dire ce que tu voudras, Pierre Manas s’en moque : il dit adieu à son ingrate patrie pour n’y jamais rentrer. »

– Oh ! Pierre, Pierre, je t’accompagnerai où tu voudras sans dire un mot ; je te défendrai même au besoin. Niaise que je suis de n’avoir pas compris qu’il y avait ce moyen-là !

– Sans doute, il y a ce moyen-là ; mais…

– Mais quoi ?

– On ne s’expatrie pas ainsi sans un sou dans sa poche, et Pierre Manas n’est pas un enfant pour faire de ces écoles-là. Voyons, cherche bien, quelle