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de ne pas avoir été jusqu’au troisième mouvement de la strangulation et d’avoir montré ce que, vis-à-vis de lui même, il caractérisait de faiblesse.

Il entra donc, fort pensif, dans le caveau, ferma soigneusement la porte, déposa dans un angle une cruche d’eau et un morceau de pain noir qu’il avait à tout hasard, et pour témoigner de ses bonnes intentions, apportés avec lui, et se tint debout adossé à la muraille.

– Eh bien ! dit-il, tu t’es enfin décidée à te taire, à ce qu’il paraît ? Il va sans dire que tu as bien fait, tron de l’air !

La pauvre femme se traîna vers l’endroit d’où partait la voix et embrassa les genoux de son mari.

– Pierre, lui dit-elle avec un accent de doux reproche et comme si elle eût oublié le caractère de celui auquel elle s’adressait, Pierre, tu m’as bien maltraitée cette nuit, et cela pourquoi ? Parce que j’aime autant que ma vie le pauvre enfant que je tiens de toi.

– Mais, coquin de sort, ce n’est point de l’aimer autant que ta vie que je te reproche, c’est de l’aimer plus que la mienne ! répondit Pierre Manas en ricanant, visiblement enchanté, au reste, de la révolution qui s’était opérée chez la malheureuse femme, révolution qui allait lui permettre d’exécuter les injonctions du maître de cet épouvantable logis.