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largeur, il n’était point probable que, parvînt-elle à en desceller une, ses forces fussent suffisantes pour la tirer de son alvéole.

Elle s’assit donc, profondément émue et découragée ; une seule chance lui restait, non pas de vivre – que lui importait la vie ! – mais de retrouver son enfant ; cette chance roulait tout entière sur Pierre Manas : c’était lui qui tenait les destinées de Marius entre ses mains. Alors et peu à peu, malgré les vertueux instincts de Millette, les choses se présentèrent à elle sous un nouveau jour. Le bagne, dont Pierre Manas lui avait présenté la perspective pour Marius, du moment où le bagne faisait de Marius innocent un martyr, le bagne lui semblait moins horrible ; au moins, c’était encore la vie : au bagne, elle pourrait le revoir ; la casaque rouge du galérien recouvrant ce cœur dévoué qui s’était sacrifié pour son père lui semblait moins hideuse et moins repoussante. Elle se reprocha d’avoir confondu le père avec le fils, en proposant au premier le dévouement sublime dont l’âme du second avait été capable, et peu à peu les fautes qu’elle avait commises pendant la soirée se représentèrent les unes après les autres à son esprit.

Elle résolut de faire tout son possible pour attendrir le bandit au lieu de le menacer comme elle avait fait ; elle se mit à préparer d’avance ce qu’elle allait lui dire lorsqu’elle le verrait. Elle fouilla tous les