Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/275

Cette page n’a pas encore été corrigée

Notre plume a rarement essayé, sinon dans quelque situation extrême, de décrire ces sortes de localités, et ce n’est qu’avec une profonde répugnance que nous tirons des ténèbres, qui semblent leur refuge naturel, quelques-uns de ces êtres dégradés qui ont entrepris contre la société une lutte coupable ou ennemie. Comme on a pu le voir, nous y avons été contraint par la nécessité de notre récit. Mais, au risque de perdre l’attrait du pittoresque et le bénéfice de la couleur, nous n’exploiterons pas une curiosité irréfléchie en évoquant, dans les pages qui vont suivre, les tableaux de mœurs des modernes truands ; nous ne souillerons pas la table anatomique, sur laquelle nous essayons d’exposer quelques secrets de l’âme humaine, par le contact de la fange immonde qui croupit dans les bas-fonds sociaux.

Abandonnons donc Pierre Manas et revenons à Millette.

Pierre Manas ne s’était point trompé ; elle n’était point morte ; mais un assez long espace de temps s’écoula avant qu’elle revint à elle.

Lorsque la pauvre femme rouvrit les yeux, elle se trouva dans une obscurité profonde.

Par un mouvement naturel, elle se dressa sur ses pieds et toucha la voûte de sa tête.

Sa première pensée ne fut point qu’elle était elle-même ensevelie vivante dans une espèce de sépulcre,