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– Pécaïre ! je crois bien ! je me sens tout fier d’être son père.

– Ou plutôt suis cet exemple ; c’est ton fils comme c’est le mien : ne te laisse pas vaincre par lui en courage et en générosité. Le ciel t’offre là une expiation qui rachètera toutes tes fautes. Va trouver les juges ; va délivrer notre fils, et, moi aussi, j’oublierai tout ce que tu m’as fait souffrir, et, si Dieu me laisse sur la terre, ce sera pour prier pour ton âme et pour bénir ta mémoire.

Pierre Manas se grattait la tête, mais ne manifestait aucun enthousiasme pour la proposition que Millette venait de lui faire.

– Té ! dit-il, tu me donnes la chair de poule avec tes prières. Il faut réfléchir avant de se décider ; je ne fais rien à la légère, moi.

– Songe donc qu’il est menacé de l’échafaud ! songe donc que, pour se dérober à cette honte, il peut attenter à ses jours !

– Le petit gonze [1], il aurait tort, répliqua froidement Pierre Manas, qui mêlait à son langage quelques mots du vocabulaire immonde des malfaiteurs ; ça a toutes les formes d’un monsieur, continua-t-il avec une sorte de supériorité méprisante, et ça ne connaît pas son Code. Il a l’escalade, c’est vrai ; mais, imbécile,

  1. Imbécile.