Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/266

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour qu’il fût satisfait d’entendre son nom prononcé ainsi à haute voix ; d’un mouvement violent, il essaya de dégager son bras pour s’enfuir ; mais on eût dit que les doigts de Millette avaient la puissance d’un étau. Quelque effort que fît le bandit, il ne put arracher sa main à cette main de fer, et la mère de Marius avança son visage sur celui de son mari, jusqu’à ce qu’ils fussent à deux lignes l’un de l’autre.

– Me reconnais-tu, Pierre Manas ? fit Millette frémissante.

Pierre Manas pâlit et rejeta sa tête en arrière avec épouvante.

– Ah ! tu me reconnais ! reprit la pauvre femme. Eh bien, maintenant rends-moi mon enfant.

– Ton enfant ? dit Pierre Manas avec une stupeur réelle.

– Oui, mon enfant, Marius, mon fils ; rends-moi mon enfant, qu’ils ont emmené à ta place, rends-moi Marius, qui va porter la peine de ton crime. Il faut me le rendre, entends-tu, Pierre Manas ?

– Ah ! coquin de sort, tu vas te taire, ou bien…

– Me taire, mais tu n’y penses pas, reprit Millette avec une énergie nouvelle ; me taire ! quand ses mains sont chargées de chaînes qui devraient être aux tiennes ; quand il est captif et que tu es libre ! Me taire !… Mais crois-tu donc que j’ignore que meurtre