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porte ; elle ne pouvait comprendre que ce luxe de précautions fût pris contre son doux et paisible Marius ; cette masse de pierre lui semblait un tombeau qui pesait sur le corps de son pauvre enfant : elle frissonnait en la regardant.

Le geôlier répéta ce qu’il venait de lui dire, elle ne s’arrêta point, mais elle ne se découragea pas.

– J’attendrai, fit-elle.

Et elle traversa la rue et alla s’asseoir sur le pavé en face de la porte.

Millette passa la journée à cette place, insensible aux moqueries des passants, aussi bien qu’à la pluie qui, du toit surplombant l’endroit où elle était assise, ruisselait sur son corps ; ne répondant pas aux observations qui lui étaient faites sur l’inutilité de son espérance ; attentive, anxieuse au moindre bruit qui se faisait derrière l’énorme porte noire ; palpitante lorsqu’elle l’entendait rouler sur ses gonds, croyant toujours voir son fils apparaître et prête à lui tendre les bras au milieu de ce cadre de fer.

Tant de constance et de douloureuse résignation touchèrent enfin le concierge de la prison lui-même, si bronzé que fût son cœur par le spectacle quotidien des misères humaines.

Vers le soir, il sortit de sa geôle et se dirigea vers la pauvre femme.